LA SEDUCTION DE LA DEDUCTION
Le PER autorise en effet l’épargnant à déduire ses versements dans la limite de 10% de ses revenus professionnels avec un plafonds à 37.094€ en 2024(10% de 8 fois le plafond annuel de la sécurité sociale). Cerise sur le gâteau, ce seuil de l’année en
cours est cumulable avec ceux des trois précédentes s’ils n’ont pas été utilisés. Il ne s’agit là que des limites pour les salariés. Les professions libérales et les autres indépendants bénéficient de plafonds plus élevés.
Seulement, les retraités ne sont pas censés avoir des revenus professionnels. Ils ne peuvent donc déduire que 4.399€ au maximum en 2024, selon le site Service-public.fr. C’est tout de suite moins intéressant, mais ce n’est pas négligeable.
Cette carotte fiscale sera en partie mangée en sortie, car rachats ou rentes sont imposés. Il est toutefois censé rester une différence substantielle, grâce à la capitalisation ou à une baisse de la tranche marginale d’imposition (TMI).
La TMI évolue rarement pour les retraités, mais rien n’oblige à clore son PER tant que le titulaire est en vie. Le contrat pourra très bien servir à la transmission.
En cas de décès après les 70 ans de l’épargnant, les héritiers ou autres bénéficiaires devront certes s’acquitter des droits de succession, mais l’économie d’impôt réalisée en entrée restera acquise.
Quelques calculs s'imposent
Cependant, le PER s'adresse en priorité aux actifs et pas n'importe lesquels. 'Le PER n'est pas pour tout le monde, parce que malgré sa souplesse, la partie dééduction d'impôt est un éléments important, explique Hervé Tisserand, le président de l'association d'épargnants Fapes.
La TMI à 30% est un seuil à avoir en tête. A 11% c'est limite.' Son confrère Jérôme de Villèle, le directeur général d'Ampli Mutuelle, est du même avis: A 11%, le coût de l'immobilisation du capital n'est pas forcément rentabilisé et on est d'avantage suceptible d'avoir besoin de l'argent.'
La déduction lors des versements n'est pas obligatoire, mais il n'y a aucun intérêt à ne pas vouloir en profiter, à moins de jouer sur l'aspect psychologique, puisqi'il est impossible de toucher à l'argent avant le départ en retraite, ce qui pour les paniers percés est un moindre mal.
Vous avez un mandat ?
Pendant la phase d'épargne, l'argent doit travailler :soit vous vous en chargez, soit vous déléguez. Les intermédiaires ont l'obligation de proposer des profils de gestion, le mandat équilibré est d'ailleurs adopté par défaut si le client ne s'y oppose pas.
La loi prévoit néanmoins une sécurisation progressive. C'est à dire que la place des supports à faible risque, comme le fonds en euros, doit doit augmenter avec l'approche de la retraite, l'échéance étant fixée lors de la souscription par le titulaire.
A plus de 10 ans du départ, la proportion de ces produits est potentiellement nulle avec le profil équilibré, tandis qu'il pourra compter à 100% d'unités de compte (UC) avec un niveau de risque moyen ou élevé.
Ensuite il ne comptera plus que 30% d'UC au moment de partir en retraite, ce qui laissera donc de l'allocation sur des supports prudents et ou sécurisés.
Ainsi, que ce soit avec ou sans mandat, avec ou sans UC, pour soi ou pour ses proches, en activité ou à la retraite, les contribuables qui ont un intérêt à défiscaliser devraient pouvoir trouver chaussure à leur bas de laine parmi les 36 contrats que nous avons passé en revue.
Trois astuces pour tirer le meilleur parti de son contrat
Faut il forcément que notre tranche marginale d'imposition (TMI) diminue à la retraite pour que le plan d'épargne retraite (PER) soit intéressant ?
Pas nécessairement. C'est quelque chose qu'on entend souvent, mais les catégorie socioprofessionnelles les plus élevées ne sortiront certainement jamais de leur PER, car elles auront d'autres sources de revenus.
Cette enveloppe leur permettra alors de transmettre les droits de sucession à leur héritiers, mais sans que ce soit réclamée l'économie d'impôt obtenue en entrée. Donc il y aura un gain fiscal, même si la TMI ne diminue pas.
Faut-il souscrire le profil de gestion par défaut : le mandat équilibré à l'horizon?
Je ne suis pas adepte de la sécurisation progressive. Cela dépend vraiment de l'épargnant : il n'est pas judicieux de sécuriser son PER à 64 ans s'il ne compte pas y toucher, parce que ces autres revenus lui suffisent.
A l'inverse, un jeune de 30 ans aura peut-être besoin d'être plus prudent s'il envisage d'utiliser son contrat pour l'achat de la résidence principale à court ou moyen terme.
Par ailleurs c'est une erreur de penser que l'on doit avoir la même gestion quel que soit le produit : il convient d'avantage de raisonner en horizon d'investissement. Par exemple une personne au profil équilibré aura intérêt à accentuer la prise de
risque sur ses produits à très long terme comme le PER, quitte à y être dynamique, et à les diminuer sur ses enveloppes liquides comme l'assurance vie, quitte à y être prudent. I
l faut avoir une approche globale de son patrimoine. Donc le choix proposé par défaut sur le PER ne me semble pas être toujours la bonne solution.
Dans tout cela, où placer la pierre-papier, un investissement peu volatil, mais de long terme ?
Il faut savoir que les supports immobiliers achetés via un PER assurance ne sont pas soumis à l’impôt sur la fortune immobilières (IFI), car l’enveloppe n’est pas rachetable en phase d’épargne. Cela présente
donc un avantage par rapport à l’assurance-vie, avec laquelle les SCPI, SCI et OPCI entrent dans l’assiette de l’IFI. Un contribuable déjà ou potentiellement soumis à cet impôt aura donc tout intérêt à conserver la pierre papier dans son PER.
Investir n 2616 du 9 mars 2024