Les secrets du succès des PER
 

Le Particulier – Novembre 2024 – n°1222

Rédigé par R.B 

Le plan d’épargne retraite (PER) fait un véritable carton auprès des épargnants. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis son lancement, en octobre 2019, ce placement a déjà conquis plus de 10 millions de Français qui y ont place près de 109 milliards d’euros au 31 mars 2024, dont 60% rien que sur les PER individuels (à distinguer des PER collectifs, souscrits par les entreprises). Selon le ministère de l’Economie, près d’un PER sur deux est un nouveau contrat et n’est pas issu d’un transfert d’une ancienne assurance retraite. Si la collecte des premières années était principalement soutenue par ces déplacements, le PER a dorénavant trouvé son marché. Selon la fédération France Assureurs, ces transferts ont concerné 13 800 personnes en août 2024 pour un montant de 323 millions d’euros. Trois fois moins que les 44 900 nouveaux titulaires de PER qui ont versé 707 millions d’euros sur le même mois. Pourquoi un tel engouement ? « Le PER est l’outil parfait pour anticiper et préparer sa retraite, tout en clarifiant, uniformisant et simplifiant le marché de l’épargne retraite »., résume Stanislas Perrin, directeur général adjoint à la France Mutualiste. 

CLARTE. Perp, Perco, contrat Madelin, contrat article 83… Fini la multitude de produits réservés à la préparation de la retraite et peu compréhensibles. Avec le PER, comme son nom l’indique, l’objectif est clair. Il peut prendre trois formes. Le PER individuel souscrit personnellement par l’épargnant remplace le Perp et le contrat Madelin. Le PER collectif et le PER obligatoire, tous les deux mis en place par l’employeur, remplacent respectivement le Perco et l’ancien contrat article 83. 

UNICITE. Le PER est l’unique enveloppe disponible sur le marché, dans laquelle il est possible de regrouper tous ses anciens contrats d’épargne retraite. « Le transfert d’anciens produits d’épargne retraite ou d’un plan épargne retraite vers un autre ne présente aucune difficulté en théorie. Son délai d’exécution, qui peut durer de quelques semaines à un mois, dépendra surtout de la diligence de l’assureur du contrat à transférer », prévient Benoit Gommard, directeur grands réseaux de BNP Paribas Cardif. 

SIMPLICITE. L’un des principaux atouts du PER reste sa souplesse au moment de retirer l’argent. En effet, l’épargnant est libre de sortir en capital, en rente ou de combiner les deux. Ce qui n’était pas le cas avec les anciens produits retraite. Le contrat Madelin, par exemple, oblige à convertir toute l’épargne en rente viagère =, sans autre choix possible. Avec le Perp, l’épargnant est autorisé à sortir en capital un maximum de 20% de l’enveloppe. « La faculté de retirer tout ou partie de ses avoirs en capital attire davantage nos épargnants que la sortie en rente. Ce qui explique en partie la réussite du PER. »  


Nos astuces pour optimiser votre épargne

Le Particulier – Novembre 2024 – n°1222

Rédigé par R.B 

La fin d’année est propice aux versements sur les plans d’épargne retraite (PER). Car, chaque euro placé sur son PER permet de réduire d’autant son revenu imposable de 2024 et l’impôt qui en résultera, à régler en 2025. En dehors des anciens Perp et contrats Madelin, aucun autre placement n’offre un tel avantage. Pas même l’ancien Perco. « Au-delà de la volonté de préparer leur retraite, la principale raison pour laquelle nos adhérents souscrivent notre PER, c’est la carotte fiscale à l’entrée », admet Nathalie Lejeune, directrice commerciale de l’Asac-Fapès. En effet, les versements réalisés en 2024 permettront de réduire votre revenu imposable, dans la limite de 10% des revenus d’activité de l’année précédente, sans pouvoir excéder 35 194 € (85 781€ pour les professionnels libéraux, artisans et commerçants). Ceux qui ont des faibles revenus d’activité ou n’en perçoivent pas peuvent déduire leurs versements à hauteur de 4 399€. Plus vous versez et plus votre taux marginal d’imposition (TMI) est élevé, plus votre impôt sera réduit. Par exemple, en plaçant 5 000€ en 2024 sur votre PER, vous réduirez l’an prochain votre impôt sur le revenu de 1 500€ si votre TMI est de 30%, de 2050€ s’il est de 41% et de 2250€ à 45%. Les experts financiers estiment qu’avec un TMI de 11% ou moins, l’avantage fiscal est insuffisant pour compenser l’immobilisation de l’épargne jusqu’à la retraite. 

Petite astuce : réinvestir l’économie d’impôt vous fera gagner deux fois, sans effort de trésorerie supplémentaire. Ainsi, en réinjectant les 1 500€ économisés dans l’exemple précédent, vous gagnerez 450€ ( 1 500€ X 30%) de plus l’année suivante, puis 135€ (450€ X 30%) l’année d’après, etc. 

Pour profiter au mieux de cette mécanique fiscale, il est recommandé de programmer vos versements. D’abord, cela évitera d’oublier de remplir votre plan. « Ensuite, opérer des versements programmés permet de lisser les points d’entrée sur les marchés financiers, en amortissant les soubresauts de la Bourse et en se protégeant de la volatilité à court terme », complète Simon Le Dily, directeur général adjoint en charge de la direction financière de la France Mutualiste. Compléter ses versements automatisés par d’autres, volontaires, est une excellente stratégie pour optimiser la réduction fiscale, en alimentant son plan jusqu’au plafond de déduction. « Dès le mois de mai, au moment de la déclaration des revenus, nous informons nos adhérents de l’opportunité de procéder à des versements complémentaires. C’est pendant cette période déclarative qu’ils prennent conscience de l’ampleur de leur impôt sur le revenu et de l’intérêt d’optimiser l’avantage fiscal à l’entrée afin de réduire au maximum leur imposition », explique Nathalie Lejeune. 


Gestion : moins de gains à la retraite ? 


L’avantage fiscal à l’entrée compense la contrainte majeure du PER, qui reste l’indisponibilité de l’épargne jusqu’à l’âge de la retraite, en dehors des cas de déblocage anticipé (pour des coups durs ou l’achat d’une résidence principale). Selon l’âge lors de la souscription, l’indisponibilité peut durer plusieurs dizaines d’années. Cette contrainte peut se révéler une aubaine. En effet, le long horizon de placement offert par le PER permet d’investir sur des supports risqués et d’espérer ainsi plus de rendement. Mieux, avec la gestion à horizon, spécialement conçue pour les PER, l’argent est géré par un professionnel en tenant compte du profil de risque de l’investisseur : prudent, équilibré, dynamique et offensif (profil le plus risqué, ajouté depuis octobre 2024). Puis, à l’approche de la retraite, il va sécuriser l’épargne. Une solution idéale si vous souhaitez préparer votre retraite sans vous soucier de rien. En revanche, cette sécurisation aura nécessairement un impact sur les rendements du plan qui sera orienté vers des fonds moins risqués et donc potentiellement moins rentables. Cette approche n’est pas forcément recommandée pour les épargnants qui n’envisagent pas encore d’utiliser leur plan comme un complément de retraite, mais plutôt comme une enveloppe rémunératrice. 

Pour ceux-là, il faut privilégier la gestion pilotée, aussi appelée déléguée ou sous mandat (40% des plans de marché la proposent), qui ne tient pas compte de la désensibilisation au risque prévue par des grilles standardisées et décorrélées des marchés financiers. « Nous considérons qu’un placement retraite peut continuer à fructifier pendant la retraite. Là où la gestion à horizon s’arrête quand la retraite commence, notre gestion sur mesure s’adapte à ceux qui veulent continuer à faire travailler l’argent », explique Franklin Morin, directeur des investissements de Nalo. Attention, les frais de gestion du contrat sont souvent plus élevés en passant en gestion pilotée sans désensibilisation au risque. 


Fiscalité pénalisante à la sortie ? 


A l’heure de la retraite, vous êtes libre de sortir en rente, en capital ou de mixer les deux. Selon l’enquête sur les Français, l’épargne et la retraite, réalisée en juin 2024 par le Centre d’études et de connaissances de l’opinion publique, la sortie en rente est largement privilégiée par ceux qui n’ont pas encore souscrit de PER, mais envisagent de le faire. Et plus le patrimoine est modeste, plus la sortie en rente est choisie. 

La rente apporte l’assurance de percevoir un complément de retraite jusqu’à la fin de ses jours, mais il faut avoir mis de côté un capital important pour toucher des mensualités convenables. Par exemple, n’espérez pas plus de 300€ par mois avec un bas de laine de 100 000€. Il faut commencer à économiser tôt pour réunir un tel montant et parier sur sa propre longévité. En effet, une fois le capital converti en rente, il est définitivement abandonné à l’assureur, même en cas de décès prématuré. 

Gardez à l’esprit que ce que le fisc donne d’une main et il le reprend d’une autre. Aveuglés par l’avantage fiscal à l’entrée, les détenteurs de PER oublient souvent les conséquences fiscales au moment de récupérer l’épargne accumulée. La rente perçue s’ajoute intégralement aux pensions de retraite pour être soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu après abattement de 10%. Il convient d’ajouter à cela les prélèvements sociaux ponctionnés sur une partie de la rente selon l’âge du souscripteur à la liquidation du plan (30% à partir de 70 ans, 40% à compter de 60 ans, et 70% pour les plus jeunes). 

Il semble plus judicieux d’opter pour la sortie en capital. Privilégiez les contrats qui vous permettent de retirer l’argent à votre rythme, sans contrainte de montant ou de fréquence. « Il est préférable de retirer progressivement l’argent de son PER, conseille Benoit Gommard, directeur des grands réseaux de BNP Paribas Cardif. Cela peut éviter de passer à une tranche d’imposition supérieure, n’oubliez pas que les retraits sont imposables pour la part correspondant aux versements déduits à l’entrée ». 

En effet, les capitaux retirés issus de versements défiscalisés sont intégralement taxés aux barèmes progressifs de l’impôt, sans abattement de 10%. « Pour que l’investissement sur le PER soit fiscalement intéressant, l’épargnant doit être moins imposés à l’âge de la retraite que durant sa vie active, avise Cyril Garbois, cofondateur de Cashbee, application mobile d’épargne qui vient de lancer son PER en octobre 2024. Et c’est généralement le cas. Même si l’épargnant ne change pas la tranche au moment de la retraite, les performances du plan généreront des gains supplémentaires permettant à l’épargnant d’être de toute façon gagnant. » Quant aux plus-values, elles sont taxées à 30% (12.8% de prélèvement forfaitaire unique, sauf en cas d’option pour le barème progressif, auxquels s’ajoutent 17.2% de prélèvements sociaux). 


Succession moins favorable que l’assurance vie ? 


Lorsqu’on évoque la transmission, on songe spontanément à l’assurance vie en raison de la fiscalité dorée. Or, c’est méconnaitre la facette fiscale du PER qui n’a rien à lui envier. Tout dépend de l’âge du détenteur du PER à sa mort, et non de la date des versements, comme c’est le cas avec l’assurance vie. Si le décès de l’assuré se produit avant ses 70 ans, les bénéficiaires du PER ont droit chacun à un abattement de 152 500€ sur les sommes placées. Au-delà, l’argent reçu subit un prélèvement de 20%, puis de 31.25% pour les montants supérieurs à 700 000€. 

Lorsque le décès survient après les 70 ans, les bénéficiaires du PER se partagent un abattement de 30 500€. Les sommes excédentaires sont soumises aux droits de succession (peu importe qu’elles aient été versées avant 70 ans), en fonction du lien de parenté des bénéficiaires avec le défunt. Retenez que cet abattement est dit « dégradé », car l’assiette de taxation pour un décès survenant après 70 ans comprend à la fois les primes et les plus-values. Alors qu’en assurance vie, seules les primes versées après 70 ans sont taxées, les plus-values étant exonérées. 

Or l’espérance de vie des Français en 2023, estimée par l’Insee à 85, 7 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes, est bien supérieur au seuil des 70 ans. De ce point de vue, la fiscalité de l’assurance vie peut paraitre plus favorable pour les sommes versées avant les 70 ans de l’épargnant qui viendrait à décéder après cet âge. Mais ce serait faire abstraction d’un atout du PER qui n’existe pas dans l’assurance vie : les plus-values engrangées dans un plan ne sont pas soumises aux prélèvements sociaux. De plus, gardez en tête que la défiscalisation des versements est définitivement acquise au décès. 

Si le détenteur du PER décède avant l’âge de départ à la retraite, l’assiette taxable pour l’application de l’abattement de 152 500€ comprend seulement les primes versées, excluant les intérêts. En revanche, en assurance vie, on tient compte des primes et des intérêts. 

Le PER est encore plus intéressant du point de vue fiscal lorsqu’il revient au conjoint survivant. Primo, celui-ci est exonéré de droits de succession et du prélèvement de 20% ou de 31.25% sur les avoirs transmis. Deuzio, il recueille l’intégralité de l’enveloppe financière, car les gains éventuels ne subissent pas de prélèvements sociaux, comme nous l’avons déjà précisé. Tertio, s’il détient lui-même un PER, le décès de son conjoint est un motif de déblocage anticipé, à la condition qu’il n’ait pas atteint l’âge de la retraite. Il pourra donc récupérer sans frais toutes les sommes accumulées sur le plan, seuls les prélèvements sociaux de 17.2% sur les éventuelles plus-values seront dus. Rien de tel pour assurer les arrières de son conjoint ! Reste que cet avantage fiscal est régulièrement dénoncé par les rapports adressés à la commission des finances, le dernier en date étant du 25 septembre 2024. Sera-t-il entendu à l’heure où le Premier Ministre, Michel Barnier, compte trouver 60 milliards d’économies budgétaires ? 


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